1 000 professionnels dans le réseau Eusko avant 2020, c’était l’objectif de la campagne menée par les chargés de développement de l’Eusko sur leurs comptes Facebook pros pour susciter les vocations et arriver à cette barre symbolique avant 2020.
Jean-Roch Guiresse, fondateur et ancien dirigeant de l’entreprise informatique SEI et de l’école d’ingénieurs ESTIA, membre du Comité de pilotage de l’Eusko, nous livre ses réflexions sur ce que représente pour l’Eusko et le Pays Basque ce cap des 1000 pros.
Et merci à toutes les personnes qui nous ont aidés dans cette campagne en relayant nos publications, en taguant les commerces et entreprises que vous souhaitiez voir dans le réseau Eusko !
1. L’Eusko, c’est aujourd’hui un réseau professionnel qui réunit plus de 1000 entreprises, commerces, associations, paysans…. A l’échelle du Pays Basque Nord, que vous connaissez bien puisque vous avez été fondateur et dirigeant d’une grande entreprise (SEI) puis d’une école d’ingénieurs, l’ESTIA, qu’est-ce que cela représente ?
1000 membres professionnels, qui acceptent l’eusko en paiement et s’organisent pour l’utiliser eux-mêmes ; qualitativement, c’est respectable et prometteur ; quantitativement c’est encore peu par rapport aux 50 000 « établissements » d’Iparralde adhérents aux Chambres de Commerce et d’industrie, d’Agriculture, des Métiers et de l’Artisanat, etc. Mais c’est beaucoup par rapport à ceux qui adhèrent volontairement à un syndicat professionnel, c’est significatif par rapport à ceux qui sont actionnaires de Herrikoa… Une marge de progression est indéniable.
Ces 1 000 professionnels représentent aussi beaucoup en qualité ; ils représentent presque tous les métiers, ils sont l’avant-garde, respectés et observés par leurs pairs ; donc exemplaires.
Et ils sont tous généreux, il faut le faire savoir ; car jusqu’à présent, accepter l’eusko impose des engagements « vertueux » pour le bénéfice collectif de la société basque, tels que la mise en place d’un affichage bilingue, l’intégration de circuits courts, etc., qui s’accompagnent de quelques contraintes dans le travail quotidien (encaissements, comptabilité… ), sans parler des coûts de reconversion en euros, par laquelle il faut parfois passer hélas, même si cela ne concerne aujourd’hui que 16% des professionnels du réseau Eusko !
Oui, faisons-le savoir, faisons le maximum pour comprendre et associer de près les professionnels aux travaux et progrès de l’Eusko ; grâce à quoi ils deviendront 1500 puis 2000 et 3000 … ce qui doit être atteint pour faciliter l’usage, par 20 à 30 000 personnes à terme, de 4-5 millions d’euskos en circulation.
2. Quelle est selon votre expérience l’importance des réseaux pour les entreprises ?
Il y a réseau et réseau … Les professionnels acceptant l’eusko comme moyen de paiement peuvent en attendre au mois trois types d’effet:
>1. Sans doute d’abord « faire circuler l’eusko », c’est-à-dire trouver davantage de fournisseurs locaux acceptant l’eusko ;
>2. Ensuite, établir plus globalement entre eux un courant d’échanges économiques (achat et vente) dans de bonnes conditions de confiance sur ce qu’ils s’achètent : qualité des produits et services, vérité des prix, respect des délais… ; et généralement s’aider les uns les autres, apprendre les uns des autres (c’est ce qu’on appelle l’échange de bonnes pratiques), jusqu’à se grouper pour accéder à certains marchés (groupements), puis partager des locaux et des équipements (coopératives, société d’exploitation…) voire entreprendre ensemble, créer ensemble des offres et des emplois.
Hemen a commencé de le faire, il y a 40 ans ! Les BNI (réseaux locaux de recommandation d’affaires) et les clusters s’y emploient, branche par branche : Goazen (tourisme), Uztartu (agro-alimentaire), Pays basque digital (services numériques), Aerospace Valley (aéronautique), etc. Le réseau autour de l’Eusko est un cluster en devenir, territorial, typé « économie sociale et solidaire ».
>3. Et se faire entendre ! Que ce soit ELB, la FNSEA, le Medef, la CPME ou Lantegiak, un réseau de pros cherche à se faire entendre !
Vivre comme adhérent d’un collectif d’établissements, quel qu’il soit, c’est s’inscrire à une école humaine, à une démarche d’amélioration continue… et c’est exigeant, car cela impose de clarifier ses valeurs et ses priorités, de respecter une discipline. C’est structurant à terme.
3. Comment voyez-vous l’avenir de l’Eusko dans les 5 ans ou les 10 ans à venir ? Est-ce que selon vous tous types d’entreprises ont vocation à participer à cette dynamique ? Et quel peut être son impact pour le Pays Basque ?
L’Eusko vise la société d’Iparralde dans son ensemble ; la cité, les personnes, dans leur vie de loisirs et dans leur vie de travail, dans leur jeunesse, dans l’âge mûr et dans l’âge de la transmission.
C’est très large, et très horizontal, donc les évolutions d’usage et les impacts de l’Eusko se manifesteront sur le temps long ; dans 10 ans, les effets visibles seront peut-être modestes, car la société dans son ensemble ne sera pas très différente de ce qu’elle est aujourd’hui ! Pourtant, les effets structurants seront déjà très profondément enracinés.
Le changement climatique aura sensibilisé une majorité des citoyens, ce qui aura poussé les professionnels à changer eux aussi : davantage de circuits courts et d’autosuffisance énergétique et alimentaire, une sobriété plus stricte dans la consommation d’énergie et de matières… j’en reste là, je ne suis pas devin.
L’Eusko tiendra son rôle, notamment pour promouvoir la Responsabilité (personnelle, sociétale, citoyenne), l’Équité et la transparence qui l’accompagnent, et le Respect de chaque personne.
J’envisageais que les professionnels deviennent 1 500 puis 2 000 et 3 000… ce qui doit être atteint pour faciliter l’usage, par 20 à 30 000 personnes, de 4-5 millions d’euskos en circulation. Je pense que ce sera le cas avant 2025. N’ayons pas peur d’ouvrir, et d’associer le plus grand nombre de ces professionnels à la définition de ce futur soutenable.