Nous savons désormais que des crises hors-normes peuvent advenir, et l’une des principales menaces pesant sur nous est le profond dérèglement climatique en cours. La bonne nouvelle, c’est que, selon le Réseau Action Climat, 50 à 70% des solutions à mettre en œuvre sont locales, et sont donc entre nos mains ! La mauvaise nouvelle, c’est qu’il reste donc 30 à 50% des solutions qui sont à mettre en œuvre au niveau national ou international, et dépendent donc des États. Et là, cela ne semble pas bien parti…
Utiliser une monnaie locale, développer les circuits courts locaux d’alimentation, produire et vendre l’électricité localement, manger bio… : tout cela représente une bonne part des solutions au dérèglement climatique. Et au Pays Basque, ces sont des solutions facilement accessibles : Eusko, Amap, coopératives de consommateurs (comme Otsokop ou Larrunkop), Lekukoa, I-Ener et Enargia, marchés paysans, etc. Mais, pour le reste, avons-nous vraiment prise sur les choix faits par l’État ? La réponse est oui, si l’on considère l’effet levier.
L’exemple des aînés
Regardons ce qui s’est passé depuis 1945 concernant des évolutions majeures de la société. Droit de vote des femmes, interruption volontaire de grossesse, décolonisation, autorisation des radios libres, enseignement en langues minorisées, soutien aux énergies renouvelables ou à l’agriculture biologique… : l’État a toujours avancé une fois seulement que s’est créé un mouvement de société rendant visible, au grand jour, un décalage inacceptable entre les attentes de la population et le comportement de l’État.
Il en ira de même pour la Transition écologique. Pour chacun et chacune d’entre nous, changer nos comportements, c’est agir directement au niveau local pour réduire notre impact environnemental. C’est aussi encourager, toujours localement, nos commerçants, producteurs et élus à aller dans le même sens.
Mais changer nos comportements, c’est aussi créer une situation de fait où la part dans l’économie des circuits locaux, de la bio, de l’électricité propre, des monnaies locales devient de plus en plus importante. Au Pays Basque mais aussi ailleurs, car partout en France et en Europe les comportements changent, pour s’adapter à l’indispensable transition écologique. Les États ne pourront que suivre.
Cela prendra 5, 10 ou 15 ans, et cela ira d’autant plus vite que nous accélérerons nous-mêmes nos changements de pratiques, et que nous convaincrons nos proches, nos entreprises et nos élus locaux d’en faire autant. Il s’agit de faire levier, tous ensemble, en créant ce décalage, en matière de Transition, entre le comportement de la société et celui de l’État.
Utilisons tous de plus en plus notre monnaie locale, choisissons une électricité propre, mangeons le plus possible bio et local, mangeons aussi moins de viande, mais de la viande locale et paysanne, etc. Cela influe déjà le comportement des collectivités et des entreprises locales, qui nous suivent de plus en plus, et cela finira par mettre en mouvement l’État dans la bonne direction.