Paiements en eusko par les collectivités

Euskara

SOMMAIRE

1- Dernières actualités

2- Contexte

3- L’appel des élus « Oui à l’innovation »

1. Dernières actualités

Vendredi 20 juillet 2018 : La Communauté d’Agglomération Pays Basque adhère à l’Eusko !

Jeudi 7 juin 2018 : Paiements en eusko par la Ville de Bayonne : accord ratifié par la Mairie

« Afin de participer activement à la réorientation de la richesse produite au Pays Basque vers les acteurs du territoire, la Ville de Bayonne entend encourager l’utilisation de l’eusko par ses créanciers, notamment les élus, les associations et les entreprises. » C’est par ce rappel important de ses objectifs que débute l’avenant à la convention avec Euskal Moneta permettant à la Ville de Bayonne de mettre en place des paiements en eusko.

Cet avenant a été voté à l’unanimité par le Conseil municipal de Bayonne, ce jeudi 7 juin 2018, et il va permettre à la Ville de proposer aux destinataires de ses dépenses (entreprises, associations, élu-e-s, etc.) d’être payés en eusko. « Cette initiative est suivie par de nombreuses villes en France comme Grenoble, Nantes, Lille, Paris et bien d’autres, qui ont compris que les monnaies locales étaient des outils importants au service du développement de leur territoire », a rappelé Martine Bisauta, adjointe au Maire, qui présentait la délibération.

Il faut souligner que le dispositif mis en place par cet avenant est le même que celui proposé initialement par la convention contestée par le Préfet, à la différence que le terme « paiement en eusko » a été retiré de la convention.

L’État a en effet souligné que la Ville ne paiera pas directement ses dépenses en eusko, mais les fera régler en euros à Euskal Moneta, Euskal Moneta créditant ensuite d’un montant équivalent le compte eusko de l’entreprise, de l’association ou de l’élu-e… Dont acte. Le terme « paiement en eusko » a donc été évité dans le texte de la convention, ce qui a permis à la Préfecture de donner son aval au dispositif proposé.

« Je me réjouis qu’une solution ait été trouvée, d’autant que la convention n’est pas remise en cause dans son existence, et que l’avenant permet qu’on fasse exactement ce que nous voulions faire, a déclaré le Maire de Bayonne, Jean-René Etchegaray. Et je vais proposer au prochain conseil communautaire de la Communauté d’agglomération Pays Basque d’adopter le même mécanisme. » Le Maire de Bayonne a également appelé de ses vœux que d’autres villes suivent ce chemin « maintenant qu’il est dégagé ».

Dans le cadre de cet accord, et comme confirmé par le préfet des Pyrénées-Atlantiques par voie de presse le 2 juin, le Maire de Bayonne et le Préfet s’engagent respectivement à retirer le pourvoi en cassation formé par la Ville et le déféré au fond déposé par le préfet des Pyrénées-Atlantiques.

Parmi les premiers paiements en eusko se trouvera sans doute l’indemnité d’élu du conseiller municipal Jean-Claude Iriart, qui a répété en conseil municipal qu’il souhaite que l’intégralité de ses indemnités lui soient versées en eusko.

Mercredi 6 juin 2018 : La mairie d’Ascain a adhéré à l’Eusko.

Samedi 2 juin 2018 :

Le Préfet des Pyrénées-Atlantiques confirme l’accord avec la Ville de Bayonne sur les paiements en eusko par la Mairie de Bayonne : le dispositif proposé par l’Eusko et la Mairie est validé, à deux conditions qui ne posent aucune difficulté :

– La première est que la convention n’utilise pas formellement le terme « paiement en eusko », car de fait la Mairie ne va pas payer directement en eusko. Comme cela était prévu depuis le début, elle va d’abord verser en euros à l’association Euskal Moneta le montant de la créance (indemnités d’élu, subvention à une association ou facture d’une entreprise), puis Euskal Moneta créditera d’un montant équivalent le compte eusko de l’élu, de l’association ou de l’entreprise.
– La seconde condition est que l’élu, l’association ou l’entreprise signe un mandat d’encaissement demandant à Euskal Moneta d’encaisser à sa place la créance. Un mandat que nous considérions tacite, et qu’il nous est demandé de formaliser par écrit. Ce qui ne pose aucun problème.
Le conseil municipal de Bayonne se verra donc proposer le jeudi 7 juin de voter un avenant à la convention entre la Ville et Euskal Moneta modifiant en ce sens la convention, pour qu’elle ne rencontre plus l’opposition du Préfet.
C’est un pas important pour l’Eusko et pour le Pays Basque. En effet, Bayonne et, ensuite, les autres collectivités du Pays Basque pourront grâce à ce dispositif participer à la mise en circulation d’eusko à grande échelle pour participer au maintien sur le territoire d’une plus grande partie de la richesse produite au Pays Basque. Participer au développement de l’Eusko leur permettra également de soutenir activement la transition écologique, la langue basque, les commerces de proximité et l’agriculture paysanne.

Vendredi 25 mai 2018 : La Mairie d’Anhaux est la 10ème commune à adhérer à l’Eusko.

Vendredi 18 mai 2018 : La Ville de Bayonne saisit le Conseil d’Etat en cassation pour contester la décision de la Cour administrative d’appel de Bordeaux.

Vendredi 11 mai 2018 : Mon Projet pour la planète : L’Eusko est le projet de transition écologique le plus soutenu dans tout l’État français.

Vendredi 4 mai : Suite à la requête du Préfet des Pyrénées-Atlantiques, la Cour administrative d’appel de Bordeaux a décidé aujourd’hui de suspendre la convention entre la ville de Bayonne et Euskal Moneta. Pour l’instant, la ville ne peut donc pas faire de paiements en eusko, en attendant que l’affaire soit jugée sur le fond, dans plusieurs mois.

Jeudi 12 avril : L’Etat s’obstine !

Le Préfet des Pyrénées-Atlantiques a fait appel de la décision du Tribunal Administratif de Pau qui avait validé la légalité de la convention passée entre la Ville de Bayonne et l’Eusko.

Vendredi 6 avril : La Mairie de Sare a voté à l’unanimité son adhésion à l’Eusko, et a également signé une convention avec l’Eusko. Une ou plusieurs régies municipales pourront ainsi encaisser des paiements en eusko dans les mois qui viennent

Jeudi 29 mars : Une victoire importante… et on continue !

Une mairie a bien le droit de verser en eusko des subventions, des indemnités d’élus ou le règlement de factures à des entreprises : c’est ce que vient de confirmer, jeudi, le Tribunal administratif de Pau.
Le Préfet des Pyrénées-Atlantiques l’avait saisi pour tenter de bloquer la convention liant la Mairie de Bayonne et l’Eusko, en alignant 10 arguments divers et variés. Ces 10 arguments ont été balayés par la juge, qui a considéré qu’ils n’étaient pas « de nature à créer un doute sérieux quant à la légalité de la convention » entre l’Eusko et la Ville de Bayonne.
C’est une victoire importante pour l’Eusko et la Ville de Bayonne, mais aussi pour le Pays Basque car elle permet de renforcer un outil important pour son développement économique, pour sa transition écologique, et pour la sauvegarde de la langue basque.
C’est aussi une victoire logique car le Maire de Bayonne, les services de la Ville et l’Eusko ont travaillé ensemble avec le plus grand sérieux pour mettre en place un dispositif permettant à la Ville de Bayonne, dans le strict respect du cadre légal actuel, de réaliser des paiements en eusko à destination des élus, associations et entreprises volontaires.
C’est enfin une très bonne nouvelle pour toutes les monnaies locales en France puisque cette décision va faire jurisprudence et va permettre à toutes les collectivités qui le souhaitent de faire des paiements en monnaie locale.

Reste à savoir maintenant si l’État va s’acharner à vouloir bloquer l’innovation au Pays Basque.

Vendredi 23 mars : Audience au tribunal administratif. Décision de la juge en début de semaine prochaine. Aucun argument décisif présenté par l’État contre l’Eusko et la Ville de Bayonne.

Vendredi 23 mars : 3 nouveaux signataires : Alain Iriart, Daniel Olçomendy et Jean-Baptiste Laborde Lavignette

Jeudi 8 mars : le Préfet des Pyrénées-Atlantiques a déposé un nouveau recours en référé au Tribunal administratif de Pau, contre la convention et non contre la délibération cette fois, en développant une longue liste d’arguments.

Le Préfet prétend par exemple que la Ville de Bayonne ne pourrait pas utiliser l’Eusko car elle n’est pas membre de l’Economie sociale et solidaire. Il confond : la loi ESS du 31 juillet 2014 dit qu’il faut être membre de l’ESS pour émettre et gérer une monnaie locale, pas pour l’utiliser.

Le Préfet prétend également que la Ville de Bayonne devrait détenir un compte en eusko, ce qui n’est pas conforme à l’obligation de dépôt des fonds au Trésor : le dispositif élaboré par les services de la Ville de Bayonne et Euskal Moneta prévoir justement que la Ville n’ait pas à détenir de compte Eusko, pour ne pas contrevenir au cadre légal.

2. Le contexte

Par une délibération votée à l’unanimité le 19 juillet 2017, la Ville de Bayonne s’est engagée dans une convention avec l’association Euskal Moneta – Monnaie locale du Pays Basque pour mettre en place le paiement en eusko de dépenses à destination d’élus, d’associations ou d’entreprises volontaires.

Le paiement en monnaies locales complémentaires par les collectivités territoriales est de fait autorisé par le cadre réglementaire actuel. En effet :
–        le décret du 7 novembre 2012 autorise les collectivités territoriales à utiliser tous les moyens de paiement inscrits au Code monétaire et financier
–        et l’article 16 de la loi ESS du 31 juillet 2014 inscrit les monnaies locales complémentaires dans le Code monétaire et financier, en ses articles 311-5 et 311-6

Le Préfet des Pyrénées-Atlantiques, s’appuyant sur un arrêté obsolète du 24 décembre 2012, s’est pourtant opposé à cette délibération dans un premier recours en référé qui a abouti à un non-lieu avant l’audience prévue le 13 janvier 2018 au Tribunal administratif de Pau.

Sollicité le 13 février par une question du sénateur des Pyrénées-Atlantiques Max Brisson, le gouvernement, après avoir apporté une réponse empreinte d’une méfiance injustifiée à l’égard des monnaies locales, a annoncé sa volonté de laisser la justice administrative trancher.

La convention signée entre la Ville de Bayonne et Euskal Moneta apporte pourtant toutes les garanties en termes de légalité et de respect des procédures en vigueur dans le domaine de la comptabilité publique. Ce que confirme l’analyse d’éminents juristes en droit public sollicités par la Ville de Bayonne.

Le Préfet a alors renouvelé sa démarche en référé. Elle a été jugée le 23 mars 2018 et a été rejetée par le Tribunal administratif de Pau, qui n’a pas trouvé dans les arguments de l’État matière à « créer un doute sérieux quant à la légalité de la convention » entre l’Eusko et la Ville de Bayonne (voir ci-dessous, rubrique Dernières actualités).

L’enjeu est important car l’utilisation d’une monnaie locale en paiement des dépenses représente pour une collectivité un levier innovant et significatif pour fixer sur son territoire une part plus grande de la richesse qui y est produite, et pour encourager les circuits courts.

3. L’appel des élus « Oui à l’innovation ! »

Les signataires de l’appel « Oui à l’innovation » demandent donc au gouvernement de faciliter cette volonté d’innovation. Les principes de décentralisation et de libre administration des collectivités territoriales doivent prévaloir pour permettre aux collectivités qui le souhaitent d’utiliser pour leurs paiements une monnaie locale apportant toutes les garanties nécessaires, et ce afin de dynamiser le développement territorial et d’accélérer la transition écologique et solidaire.

Le gouvernement pourra pour cela, s’il le juge utile, demander au ministre du Budget de compléter l’arrêté du 24 décembre 2012 afin d’intégrer formellement, après l’intégration implicite réalisée par le vote de la loi ESS du 31 juillet 2014, les titres de monnaies locales dans la liste des moyens de paiement à disposition des collectivités.

De gauche à droite : Frédrérique Espagnac, Emilie Dutoya, Kotte Ecenarro, Jean-René Etchegaray, Dante Edme-Sanjurjo, Lucien Betbeder et Xebax Christy

Ont signé cet appel :

Jean-René Etchegaray, Maire de Bayonne, Président de la Communauté d’Agglomération Pays Basque
Lucien Betbeder, Président du Biltzar et maire de Mendionde
Kotte Ecenarro, Maire d’Hendaye, 1er Vice-Président de la Communauté d’Agglomération Pays Basque, en charge des finances, et conseiller départemental
Bruno Carrère, maire d’Ustaritz, conseiller communautaire en charge des Partenariats culturels, de l’enseignement artistique et du patrimoine culturel
François Dagorret, maire de La Bastide Clairence
Alain Iriart, maire de Saint-Pierre-d’Irube, Vice-Président de la Communauté d’Agglomération Pays Basque en charge de l’Assainissement et des eaux pluviales
Daniel Olçomendy, maire d’Ostabat, conseiller communautaire en charge du Tourisme, de la nature et du patrimoine
Jean-Baptiste Laborde Lavignette, maire de Sare, conseiller communautaire en charge de la Montagne
Jean-Paul Diribarne, maire de Bardos et conseiller départemental (Nive-Adour)
Michel Etchebest, maire de Mauléon et Vice-Président à l’Économie de la Communauté d’agglomération Pays Basque

Max Brisson, sénateur
Vincent Bru, député de la 6e circonscription des Pyrénées-Atlantiques
Frédérique Espagnac, sénatrice

Mathieu Bergé, Conseiller régional délégué aux ports, aéroports, à l’Eurorégion et à la coopération transfrontalière
Sandrine Derville, Vice-présidente de la Région Nouvelle-Aquitaine, chargée du Tourisme
Emilie Dutoya, Conseillère régionale
Alice Leiciaguecahar, Conseillère régionale, Présidente de la commission agriculture
Andde Sainte-Marie, Conseiller régional délégué à la Montagne et Pastoralisme.
Marie-Christine Aragon, conseillère départementale (Bayonne)
Isabelle Pargade, conseillère départementale (Baigura et Mandarrain)

Cet appel peut être signé par tous les élus locaux qui le souhaitent, en imprimant le texte de l’appel ci-dessous, puis en le renvoyant signé à info@euskalmoneta.org ou par courrier au 20, rue des Cordeliers, 64100 Bayonne. Milesker.